FIAC 2010
21.10.2010 — 24.10.2010
http://atelierseize.fr/
L’apologie de la nouveauté

Comme chaque année, la Cour Carrée du Louvre est sans doute le lieu où l’on s’attend à voir les œuvres plus folles et les plus innovantes de la FIAC. Et comme chaque année, la Cour Carrée satisfait nos attentes et propose même d’aller encore plus loin.

Crescendo, j’ai l’impression de découvrir des pièces de plus en plus audacieuses à mesure que j’arpente les premières allées de la Foire. La Galerie Schleicker+Lange donne le ton de la démesure avec un lampadaire couché de Kristof Kintera dont les interprétations tellement nombreuses nous rendent ivre de symbolisme tandis qu’en face, une troublante accumulation de cartes à jouer d’Evarsite Richer joue la monotonie et la rigueur.

Quelques mètres plus loin, une batterie gansée de cuir produite par Natalia Brilli se pose comme manifeste de la Technique. Une technique un peu bafouée par Diego Santomé, représenté par la galerie Parra & Romero, qui tente un plagiat quelque peu malheureux des piles de tirages de Felix Gonzales-Torres.

Coup dur, les fientes d’oiseaux sur toile de Noël Dalla chez Dominique Fiat provoquent mon écœurement littéral, aussitôt apaisé par ses collages de plumes d’oiseaux, mystérieux, abstraits et subtils.

Cette année les oeuvres des artistes nommés pour le Prix Marcel Duchamp me laissent de marbre, malgré mes attentes concernant Cyprien Gaillard. Alors je m’interroge. Pourquoi n’ai-je vu que trois artistes ? Où a bien pu passer le quatrième ? Je scrute alors le box désert dédié à Céleste Boursier-Mougenot que j’ai pu découvrir aux David de l’Art Contemporain 2009. Pourquoi est-il vide ? Je conclus naïvement à un retard dû aux multiples grèves qui frappent la France avant de m’apercevoir que sa bio est disponible sur un présentoir. Je comprends alors que l’œuvre est bien présente et on ne peut plus vivante : trois plantes vertes montées sur des plateformes mobiles ouvrent la curieuse perspective d’une transhumance chorégraphique des arbres dans le paysage.

Je poursuis ma visite, du côté de la galerie Bernard Ceysson où je tombe fou d’admiration pour les toiles d’Atsushi Kaga. Un panda meurtrier, un cerf à tendance voyeuriste, un lapin pirate – autant de thèmes qui mélangent innocence et subversion.

Ma visite touchant à sa fin, je me dirige vers la sortie quand une arche de Vincent Ganivet exposée chez West (E23) attire mon attention d’amateur d’architecture.

Véritable explorateur des possibilités contemporaines de la clé de voute, Vincent Ganivet semble transcender la méthode pour ériger des arches composées de parpaings devant leur fragile stabilité à une force quasi surnaturelle. Les explications données par l’artiste lui même et le visionnage de son portfolio dont une œuvre monumentale est actuellement exposée à Versailles confirment mon pressentiment qu’il s’agit là d’un artiste absolu comme il en existe peu.